Quel prix pour du temps de cerveau disponible ?

Mesures EEG de différentes activités cérébrales traduites en code barre 39

Questions à Sam Neurohack


0/ Mesures EEG de différentes activités cérébrales traduites en code barre 39 ?

On utilise un casque commercial qui mesure toutes les secondes, les "ondes cérébrales" uniquement sur le front.

On converti les valeurs numériques de l’ensemble des ondes en un vrai code barre (code barre américain 39).

Le noir et le blanc sont inversés et la centaine de chiffres est affichée de haut en bas et de la gauche vers la droite soit dans l’ordre : Delta/theta/alpha/beta/gamma.

Il y a un code par seconde, donc un prix pour chaque seconde de pensée.



1/ C'est une réponse a la fameuse vente de cerveau disponible a coca cola ?

« Pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible. C’est à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages de pub. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau disponible. » Mr Le Lay



2/ Selon moi le principal message à faire passer réside dans le fait d'appuyer la question de la capacité des hommes à calculer la pensée et sa possible capitalisation via l'utilisation de données scientifiques.

Hum... Il y a tellement d'objections que je n’ai pas l’impression du tout que cette capitalisation soit possible, que le cerveau puisse être strictement disponible, que la complexité de nos pensées soit réellement analysable,...

Pourtant ca existe, c’est le neuro-marketing, activité hautement à la mode et lucrative et ce ne sont pas des petits noms dans les clients : des constructeurs de voitures, j’imagine que Coca est pas loin. Un des sous-courant est le neuro-cinéma qui prétend étudier les reactions du cerveau aux différentes scenes avec des EEGs ou des IRMs, comme si les conditions allongé dans un tube oppressant et avec un bruit d'enfer ne changeait rien a l'activité cérébrale, sans parler des biais dans les protocoles "scientifiques" utilisés.

Evidement, ce qui est publié est basé sur tellement rien de solide que s’en est assez comique des experts du marketing vendent à d’autres experts marketing du bullshit scientiste.

Sur la disponibilité :

La conscience n'est que relativement maitre a bord. Quantité de fonctions sont régulées sans conscience comme la decomposition de mouvements en instructions pour chaque muscle concerné, ou en cas de danger on a deja freiné avant que l'on ai conscience du danger, etc ... Le cerveau a des canaux d'entrees, les sens, qui sont toujours traités mais qui sont passés a la conscience ou pas, par exemple dans cet état d'auto-hypnose que peut provoquer la lecture, on fait abstraction de quantité de bruits environnants.


Une large partie de la recherche sur le cerveau aujourd'hui se focalise non plus sur des "zones spécialisées", mais surtout sur les différents types réseaux mis en jeu et leur synchronisation. Meme une personne allongée et qui ne fait/pense à rien, utilise un réseau particulier : le "mode par défaut", tout en maintenant les fonctions de régulations automatiques des autres organes.

Au niveau organique le cerveau est deja bien occupé ! et on ne fait jamais rien d'autres en regardant la tv, c'est bien connu :)

Sur l'analyse scientifique des données :

"Georges" montre directement ou indirectement cette absurdité en affichant des valeurs qui changent chaque seconde sur un total théorique de 100 000 000 000 000 000 000, pour un tout petit bout de cerveau mesuré. De plus après quelques secondes, par effet cumulatif, le nombre de possibilités dépasse n’importe quel chiffre raisonnable y compris la taille de la galaxie en mètres.

Le casque utilisé est totalement incapable de sampler correctement (scientifiquement) le signal pour des raisons de conditions d'experiences, d'electrodes sèches,... un peu comme les appareils vraiment scientifiques qui mesurent le résultat de colonnes de milliers de neurones depuis l’extérieur du crane. Si encore on aurait moyen de mettre des electrodes dans chaque neurone :-), on pourrait peut être commencer a deviner quelque chose...
Malgré tout ce qu'on lire sur les sites des vendeurs de materiel, c'est un peu étudier des molécules avec des pelleteuses.

Sur le code barre :

On pourrait dire un code avec beaucoup de chiffres coute plus cher qu’un autre avec une petite valeur, mais ce sont des ondes, donc un grand chiffre peut être suivi par un petit chiffre ou un plus grand chiffre, cela rend impossible de catégoriser simplement.

Il faut aussi bien voir qu’un code barre est juste une convention : on associe un numero, traduit en barres, a un prix grace a une base de données. Les bases étant différentes, dans différents magasins le prix est différent.

On pourrait aussi noter que c'est le veritable code barre américain 39, mais qu'il est inversé blanc/noir pour des motifs esthétiques ce qui rend la lecture impossible par le materiel disponible… M’enfin, c’est pas le plus compliqué à résoudre.

Sur l'analyse scientifique des pensées :

Et même s'il y avait un moyen de convertir des signaux physiologiques en pensées, il faudrait enregistrer toutes les pensées possibles pour pouvoir les comparer...



Au total c’est fort symboliquement mais dans les details le dispositif montre l’impossibilité, l'absurdité du projet de pouvoir marchandiser la pensée.

(cf également l'installation de NNN (dont je fais partie): neuroswitch (http://www.lagenerale.fr/?p=4878) au Daejeon Museum of Art, jusqu'au 8 février 2015 )



4/ Je trouve l'idée de l'évaluation de la pensée et de sa capitalisation à la seconde très intéressante et j'aimerais savoir si tu ne penses pas que cette interface gagnerait un petit plus si de véritables valeurs viendraient s'afficher sur le coté en euros, dollars, Yen… Ce qui permettrait de lier encore plus strictement l'activité du cerveau aux flux des capitaux.

Je comprends cette analogie avec le flux des capitaux. malheureusement l’ordre de la seconde montre combien le cerveau est inefficace pour traiter des flux de capitaux qui sont de l’ordre des millisecondes (high frequency trading). Les banques se sont physiquement rapprochées de Wall street pour gagner quelques ms. On peut le prendre comme regret ou pas, ce high frequency trading pose deja de nombreux problèmes, ce sont des mathématiques bien froides et bien décorrelées de l’"économie réelle ».

Contrairement à ce qu’on peut croire la partie consciente du fonctionnement cerebral est très lente comparée aux fonctions sensitivo-motrices par ex. D’ou l’idée de garder cette seconde comme rafraichissement. En fait l’électronique du casque fait 512 mesures/sec, mais ca me parait faire sens de rester comme ca.

Mais je préfère garder la simplicité graphique actuelle, c'est deja assez compliqué pour décoder pour ne pas en rajouter et ca guiderait sur une interpretation particulière, ce que je ne souhaite pas forcément.



5/ Un titre pour cette oeuvre ?

Pour l'instant :
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Mesures EEG de différentes activités cérébrales traduites en code barre 39




6/ Je considère que c'est une bonne idée d'utiliser 3 types d'enregistrement d'activités cérébrales. Peut-être même 4 afin de ne pas trop être dans une boucle. Le consommateur qui veux acheter des seconde de pensée veux également du choix ! il nous faut un bel achalandage !

Pour l'instant les candidats sont dans un ordre décroissant de possibilités d'acheter des secondes de "disponibilité" :

TV
Netsurf
Performance
Dormir


En y réfléchissant on peut imaginer que plus c'est gros, plus il y a des chances qu'on en rêve ? D'après Cyrulnik les photos d'Arthus Bertrand (trucmuche vue du ciel) montrent des choses qui ne sont pas a notre échelle, que l'on voit pour la premiere fois donc qui nous "formatent".

Apres vendre du rêve, acheter des secondes de véritables rêves... ?



7/ Il me semble ne pas avoir tout à fait saisi la spécificité de chacun des trois algorithmes (Pollock, Mandelbrote et Orwell). Pourrais-tu m'expliquer d'avantage.

Il y a un "motif de base", une espèce de virgule qui devient de plus en plus horizontale et longue selon l'importance des ondes gammas. Le motif de base est une autre itération montrant l'illusion de pouvoir decoder des pensées : meme en pensant très fort a carré, ca ne fera jamais de carré. C'est une partie que sous entend Georges qui est plus clair avec ce motif de base, de l'antibullshit des vendeurs de casques EEG qui promettent bien trop de choses.

Benoit dessine le motif de base dans le quart inférieur droit, puis reporte par symétrie dans les autres quarts sauf le quart inférieur gauche. L'utilisation de la symétrie évoque les fractales, des équations mathématiques à la base de nombreuses simulations de processus naturels en apparence chaotiques mais qui peuvent s'organiser (l'activité cérébrale prise dans son ensemble). Le quart inférieur de peut quand même recevoir des traits lorsque l'amplitude des ondes dépassent un seuil important, symbolisant le franchissement de barrières.
Jackson utilise ce motif de base comme le dripping de Pollock. Jackson permet de peindre virtuellement avec un pinceau de 1 pixel (meme si c'est en noir et blanc, c'est pas du dessin) sans artefacts, direct du cerveau. Apres un certain temps on distingue des lignes horizontales et verticales, qu'on peut i.e interpreter comme l'activité physiologique du cerveau et des lignes apparement plus aléatoires comme l'activité conscience. Le dégradé de noir -> blancs utilisé fait apparaitre aussi une fausse impression d'accumulation, de volume, comme l'accumulation de peinture.